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Militer pour l'histoire du travail

 

Samedi 4 novembre, 9h - 11h, Université Paris 1, amphithéâtre G

« Labour History is back. » C’est avec cette affirmation qu’en juillet 2017, un collectif d’historiens allemands ont fondé une association (GLHA). Ils ont rejoint ainsi les collègues italiens de la SISLAV qui ont en 2012 engagé le revival de la Storia del lavoro et les Français relançant l’histoire des mondes du travail (AFHMT) ou des collègues espagnols actifs au sein de l’Asociacion de Historia Social (AHS). Le mouvement dépasse amplement ces seules associations et concerne de nombreux pays, comme l’avait montré le succès remarquable de la première Conférence du réseau européen (ELHN) organisée à Turin en 2015. La deuxième conférence, qui se tient à Paris, confirme cette dynamique nouvelle.

Le regain d’intérêt pour ce thème est lié aux transformations intervenues dans la période récente dans le domaine du travail, et qui ont touché les types d’activité, les techniques mises en œuvre, les statuts du salariat et des travailleurs, les règlementations qui les encadrent, les migrations et les trajectoires de vie. Ces mutations, notamment, ont rétabli sur les scènes sociales d’Europe, et d’ailleurs, l’attention aux conditions dans lesquelles le travail est vécu ; elles ont remis en question, du moins pour la période contemporaine en Occident, une image du travail et de son avenir, polarisée autour du salariat masculin et industriel.

L’ouverture des perspectives du présent ont favorisé le déploiement de curiosités nouvelles sur le passé. Ainsi, le renouveau n’est pas un simple retour d’attention, il exprime aussi la volonté de reconsidérer les cadres par lesquels était précédemment pensé le travail. Les frontières du travail et ses territoires sont réinterrogés, de même que les rapports de genre,  ethniques ou de race. Les institutions sociales, de l’entreprise à la famille en passant par les groupements professionnels, font l’objet de réexamens, de même que les modèles canoniques qui étaient censés rythmer l’histoire longue du travail, longtemps vue comme succession de systèmes économiques et sociaux cohérents.  

À la réouverture des représentations du passé correspond une variation des démarches de recherche. Par exemple, certaines sources prennent une nouvelle valeur, et la pluralité des échelles du temps et les perspectives de comparaison gagnent en importance. Les façons de former des collectivités, les modalités de confrontation entre groupes sociaux, les dynamiques de contestation ont perdu de leur évidence, mais pas de leur richesse de signification ni de leur valeur symbolique.

À tous ces renouvellements, il nous semble bon, maintenant, d’ajouter une réflexion sur le rapport des historiens à leur objet, à propos du travail comme dans d’autres domaines de la discipline historienne que l’histoire du travail contribue à réinterroger. De discuter sur l’actualisation du métier d’historien dans ce domaine, sur les sources et les façons pertinentes d’écrire les passés du travail. Il s’agira aussi de confronter les expériences associatives, les initiatives et coopérations développées au sein des institutions, notamment universitaires, comme avec les chercheurs de divers horizons disciplinaires, mais encore les acteurs des mondes du travail. C’est pour favoriser une réflexion en ces matières que nous proposons une session d’échanges et de débats, sous le titre en forme de clin d’œil à nos prédécesseurs « Militer pour l’histoire du travail ? »    

 

 

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